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Ce que Severance nous apprend

Severance quel est le sens ?

Ou comment le travail sculpte, sans bruit, nos deux visages intérieurs


Chaque matin, un rituel silencieux s’opère. Avant même de dire un mot, nous passons doucement d’un “moi personnel” à une version professionnelle de nous-mêmes.


Ce glissement est si subtil, si ancré dans nos routines, qu’on n’y prête plus attention. Et pourtant, il transforme bien plus que notre tenue ou notre langage. Il modifie la manière dont nous habitons nos journées.


Le réveil du “moi pro” : performant, poli, calibré


Dès 8h01, c’est comme si un interrupteur s’activait en nous.

Notre posture change. Notre voix s’ajuste. Notre capacité à dire "je ne sais pas" se raréfie.


Nous savons comment répondre à un “Point météo rapide ?” avec clarté. Nous gérons les urgences, les priorités, les humeurs d’équipe, tout en gardant ce ton “constructif mais serein” que l’on maîtrise sur le bout de la langue.


Nous sommes compétents. Engagés. Et quelque part, légèrement lissés.


Pas désincarnés. Mais… un peu moins nuancés. Comme si, dans cette version de nous, certaines émotions n’avaient plus tout à fait leur place.



Ce qui reste sur le seuil


Pendant ce temps, une autre part de nous — celle qui doute, qui s’étonne, qui n’a pas toujours la réponse — reste à l’entrée de la journée.


Ce n’est pas une coupure violente. Ce n’est pas une disparition. C’est plutôt… une mise en veille.


Une version personnelle, intime, parfois plus maladroite, mais infiniment vivante, qui attend qu’on lui fasse de la place à nouveau.


Peut-être le soir. Peut-être pas.


Rosa, et ce monde qui ne répond plus


Le sociologue Hartmut Rosa a posé un mot sur cette sensation étrange :la perte de résonance.


Ce n’est pas de la fatigue. Ce n’est pas le burn-out. C’est ce moment où le monde cesse doucement de nous répondre.


On parle, on agit, on décide…Mais rien ne fait plus écho à l’intérieur.


Ce qu’on fait n’entre plus en lien avec ce qu’on ressent. Le travail devient une série d’actions utiles, mais détachées.


Et à force, quelque chose de nous s’éloigne.


Ce n’est pas grave. Mais c’est précieux.


Parce que cette distance intérieure ne crie pas. Elle chuchote.

Elle s’exprime dans ces petites phrases que l’on pense sans dire :

“C’est bien… mais pourquoi je ne ressens rien ?”“Je coche tout… mais où suis-je, moi, dans cette journée ?”“Est-ce que ce que je fais me touche encore ?”

Et parfois, ces questions sont des signaux faibles. Des invitations à ralentir. À écouter. À rouvrir un espace de soi dans ce “moi professionnel” très bien rodé.


le retour à soi

Le retour discret à soi


Le soir venu, on ferme l’ordinateur. On éteint les notifications.


Mais notre “moi personnel” ne revient pas toujours immédiatement. Il met parfois un peu de temps à retrouver sa place.


Comme s’il attendait qu’on le rappelle doucement. Sans forcer. Sans injonction. Juste… avec bienveillance.

“Alors, comment ça va là-dedans ?” “Est-ce que tu m’as attendu aujourd’hui ?” “Est-ce que j’ai été avec moi, au moins un peu ?”

Ces questions, on ne les pose pas pour obtenir une réponse. Mais pour créer un lien. Un pont entre les deux parties de nous :celle qui agit, et celle qui ressent.


Et si on ne devait pas choisir entre les deux ?


Et si notre humanité n’était pas un frein à notre professionnalisme, mais une richesse silencieuse, qui donne de la profondeur à ce que nous faisons ?


Et si nous pouvions :

— Laisser échapper un rire un peu trop vrai,

— Dire “je ne sais pas encore” sans perdre la face,

— Partager un point de vue personnel sans devoir l’habiller de jargon…


Des gestes simples. Mais profondément humains.


Pas pour être “entier” tout le temps. Mais pour ne pas s’oublier complètement dans la version qu’on pense devoir être.


Ce n’est pas une crise. C’est une mémoire.


Ce que nous cherchons n’est pas spectaculaire. Ce n’est pas un grand basculement. Juste… un souvenir de nous-mêmes, que l’on garde vivant dans la journée.


Un moment de reconnexion. Un instant de résonance. Un frémissement intérieur qui dit : Je suis encore là. Merci.


Et vous ?

À quel moment de la journée sentez-vous que vous vous retrouvez ?Quelle petite part de vous aimeriez inviter plus souvent dans votre travail ?

Il n’y a pas de réponse parfaite. Juste des retrouvailles à inventer, un geste à la fois.

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