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Salariés aidants : un défi pour les entreprises

Dernière mise à jour : 10 mai


salariés aidants

Le phénomène des salariés aidants en France est en croissance rapide, en partie en raison du vieillissement de la population. Actuellement, environ 11 millions de personnes en France apportent une aide à un proche en perte d'autonomie.


Ce chiffre est d'autant plus significatif lorsque l'on considère que plus de la moitié de ces aidants sont également des salariés. Cette dualité des rôles pose des défis complexes, tant pour les individus concernés que pour les entreprises où ils travaillent.


Les entreprises ont un rôle crucial à jouer dans ce contexte. Le soutien aux salariés aidants ne doit pas être perçu comme une simple question de bien-être au travail, mais plutôt comme un enjeu majeur qui s'inscrit pleinement dans les démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). En effet, les entreprises ont la possibilité, voire la responsabilité, de mettre en place des mesures de soutien pour ces salariés, qui sont souvent confrontés à des défis financiers, émotionnels et professionnels.


Pour aborder ce sujet de manière structurée, la Plateforme RSE a formulé 24 recommandations spécifiques. Ces recommandations sont destinées à divers acteurs, notamment le gouvernement, les entreprises elles-mêmes, les partenaires sociaux et les fédérations professionnelles. L'objectif est de mieux sensibiliser et communiquer sur les enjeux liés aux salariés aidants, afin que des mesures efficaces puissent être mises en place.



Les défis pour les salariés aidants


Enjeux financiers


L'un des défis les plus immédiats pour les salariés aidants est d'ordre financier. La nécessité de prendre soin d'un proche en perte d'autonomie peut entraîner une réduction des heures de travail, voire une interruption temporaire ou permanente de l'activité professionnelle. Cette situation peut avoir un impact significatif sur le revenu du salarié aidant. De plus, les coûts médicaux associés aux soins du proche peuvent s'ajouter à ce fardeau financier.


Charge mentale et émotionnelle


La charge mentale est un autre défi majeur pour les salariés aidants. La nécessité de jongler entre les responsabilités professionnelles et les soins à apporter à un proche peut être source de stress et d'anxiété. Cette charge mentale est souvent amplifiée par la difficulté à concilier les différents temps de vie: professionnel, personnel et celui dédié au rôle d'aidant.


Impact sur la carrière professionnelle


Le rôle d'aidant peut également avoir des répercussions sur la carrière du salarié. L'absentéisme, les retards ou même la baisse de performance peuvent affecter la perception de l'employé par ses collègues et ses supérieurs. Dans certains cas, cela peut même conduire à des problèmes de désorganisation au sein de l'équipe de travail, nuisant ainsi à l'image du salarié aidant.


Effets sur la vie personnelle


Il est également important de noter que l'engagement en tant qu'aidant a des effets sur la vie personnelle. Bien que beaucoup considèrent comme naturel le fait de prendre soin d'un proche, cet investissement peut avoir des conséquences négatives sur la vie privée du salarié aidant.




Les dispositifs existants et leurs limites: Une analyse approfondie


Allocation journalière du proche aidant (AJPA)


L'un des dispositifs mis en place pour soutenir les salariés aidants est l'allocation journalière du proche aidant (AJPA). Cette allocation est versée par les Caisses d'allocations familiales (CAF) et s'élève à 58,59 euros par jour, ou 29,30 euros pour une demi-journée. Elle est limitée à 66 jours.


Faible taux d'adoption


Malgré l'existence de cette allocation, son adoption reste faible. Entre septembre 2020 et février 2022, un peu moins de 20 000 demandes d'AJPA ont été reçues par les CAF. Parmi ces demandes, seules 6626 ont abouti à l'ouverture d'un droit à l'allocation. Ce faible taux d'adoption souligne les limites du dispositif en place.


Complexité et méconnaissance des dispositifs


L'une des raisons principales de cette faible utilisation est la complexité des démarches et le manque de connaissance des dispositifs disponibles. Les salariés aidants se reconnaissent peu comme tels, ce qui rend le sujet peu pensé et mal documenté.


Congé de présence parentale


Un autre dispositif est le congé de présence parentale, qui permet d'assister un enfant de moins de 20 ans gravement malade ou en situation de handicap. Ce congé dure maximum 310 jours et peut être pris en une ou plusieurs fois. Toutefois, pendant ce congé, le contrat de travail est suspendu, ce qui signifie que le salarié n'est plus payé par son employeur.




Les attentes des salariés aidants: Un appel à la flexibilité et à la compréhension


Besoin de flexibilité dans les horaires de travail


L'une des principales attentes des salariés aidants est la flexibilité dans les horaires de travail. Selon une enquête Harris Interactive, 39 % des aidants actifs occupés estiment que les entreprises devraient en priorité autoriser des horaires de travail plus flexibles[^13^]. Cette flexibilité pourrait prendre la forme de journées de travail ajustables, de la possibilité de travailler à distance ou de la mise en place de plages horaires variables.


Réduction du temps de travail sans perte de salaire


En outre, 37 % des aidants actifs souhaitent une diminution du temps de travail sans perte de salaire. Cette mesure pourrait aider les salariés aidants à mieux équilibrer leurs responsabilités professionnelles et personnelles, sans avoir à subir une perte financière significative.


Reconnaissance et soutien organisationnel


Les salariés aidants aspirent également à une reconnaissance de leur situation par leur employeur et leurs collègues. Le manque de reconnaissance peut entraîner une stigmatisation et augmenter la charge mentale déjà élevée que ces salariés portent.


Des mesures concrètes pour le bien-être


Au-delà de la flexibilité et de la réduction du temps de travail, les salariés aidants attendent des mesures concrètes qui pourraient améliorer leur bien-être au travail. Cela pourrait inclure des services de soutien psychologique, des formations pour aider à la gestion du stress et de la charge mentale, ou encore des aménagements spécifiques au sein de l'entreprise.



Outils et recommandations pour les entreprises


Indices et Labels


Pour évaluer et récompenser les entreprises qui s'engagent activement auprès de leurs salariés aidants, des outils tels que l'indice de bien-être des salariés aidants et le label Cap'Handéo « Entreprise engagée auprès de ses salariés aidants » ont été développés. Ces instruments permettent de mesurer l'efficacité des politiques d'entreprise en matière de soutien aux salariés aidants et de mettre en avant les meilleures pratiques.


Auto-questionnaires et diagnostics


Les entreprises peuvent également utiliser des auto-questionnaires en ligne pour évaluer la politique déjà mise en place en faveur des salariés aidants. Ces questionnaires permettent d'identifier les domaines nécessitant une attention particulière et de formuler des recommandations pour améliorer la prise en charge des salariés aidants au sein de l'entreprise.


Sensibilisation et formation


La sensibilisation et la formation du personnel sont également cruciales. Les entreprises peuvent collaborer avec des associations spécialisées pour offrir des formations et des ateliers sur la question des aidants. Cela permet non seulement de sensibiliser les employés à cette problématique, mais aussi de leur fournir les outils nécessaires pour mieux gérer leur rôle d'aidant tout en maintenant leur efficacité professionnelle.


Flexibilité et aménagements du temps de travail


Comme le souligne l'enquête Harris Interactive, une grande partie des salariés aidants souhaite plus de flexibilité dans les horaires de travail et une réduction du temps de travail sans perte de salaire. Les entreprises peuvent répondre à ces besoins en proposant des horaires flexibles, du télétravail ou des congés spécifiques pour les salariés aidants.


Collaboration avec les institutions publiques

Les entreprises peuvent également collaborer avec des institutions publiques pour accéder à des fonds ou des programmes spécifiques destinés à soutenir les salariés aidants. Cela peut inclure des subventions pour des programmes de formation ou des incitations fiscales pour les entreprises qui mettent en place des politiques favorables aux salariés aidants.


En somme, les entreprises ont à leur disposition une panoplie d'outils et de recommandations pour mieux soutenir leurs salariés aidants. Il est impératif que ces mesures soient intégrées dans les stratégies globales de responsabilité sociétale des entreprises pour assurer une prise en charge efficace et éthique de cette question.



Sources / Aller plus loin :




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