Une étude intitulée “Du mauvais côté de l’algorithme : pourquoi les digital natives ne sont pas tous égaux face aux plateformes de recrutement” est publiée par la chaire Compétences, Employabilité et Décision RH de l’EM Normandie.
Dirigé par Jean Pralong, titulaire de la chaire et professeur en RH digitales et gestion de carrières et Marie Peretti-N’Diaye, docteure en sociologie, ce travail de recherche révèle que tous les jeunes, à diplôme équivalent, ne sont pas égaux face aux nouvelles modalités de recrutement (réseaux sociaux, applications de cooptation, CVthèques…) et connaissent des différences d’insertion significatives.
Le facteur déterminant ? Des rapports différents, rationnels ou irrationnels, au marché du travail.
44% des jeunes interrogés qui pensent que le marché du travail est rationnel s’insèrent plus rapidement car ils mettent en œuvre des méthodes efficaces : ils consultent des sites variés, postent des informations sur les réseaux sociaux et testent des versions différentes de leurs profils sur les CVthèques. Ces comportements efficaces sont à l’origine de leur accès plus rapide à l’emploi.
A l’inverse, les 30% des jeunes qui croient que le marché du travail est irrationnel, déterminé par la chance ou le hasard, sont ceux qui s’insèrent le moins bien. Ces jeunes fréquentent peu de sites, ne postent pas d’informations sur les réseaux sociaux et ne modifient jamais leurs profils sur les CVthèques. Pour eux, les plateformes et le recrutement « digitalisé » sont des boîtes noires inaccessibles, ce qui les incite à postuler comme on lance une bouteille à la mer, pour « tenter leur chance. »
Les résultats de ce travail vont à rebours des discours sur les digital natives. Cette génération est moins homogène, moins uniformément acculturée au digital et plus hétérogène dans ses capacités à déployer des techniques de recherche d’emploi efficaces.
L’enquête, à la fois quantitative et qualitative, a été réalisée auprès de 287 jeunes, détenteurs de diplômes de Master, pendant les dix-huit mois qui ont suivi l’obtention de leur diplôme.
En conclusion, l’étude propose 5 pistes d’action pragmatiques pour atténuer ces nouvelles inégalités d’accès à l’emploi :
le développement d’engagements éthiques de la part des plateformes de recrutement,
l’émergence de « marques plateforme » en tant que marques de confiance,
la mise en place systématique de formations à l’utilisation des plateformes
et d’initiation au fonctionnement des algorithmes
et enfin, le développement de pratiques collaboratives d’entraide pour les candidats.
Si vous souhaitez recevoir l’abstract de cette étude et vous entretenir avec les chercheurs qui l’ont menée, merci de contacter EM Normandie.